Temps libre

Par Sophie Nougué

“ Vous n’êtes pas une goutte dans l’océan. Vous êtes tout l’océan réunit dans une goutte”. Djalâl Al-Dîn Rûmi (30 septembre 1207 – 17 décembre 1273), poète mystique persan.

Ces dernières semaines de confinement m’ont offert une occasion unique de réfléchir à comment nourrir mon besoin de liberté, de relation, de sincérité, d’authenticité, de sens à donner au temps présent, à la vie à venir, pas celle “d’après”, celle de chaque instant.

Je me rends compte à quel point ce temps suspendu est doux, combien ce changement de rythme est en harmonie avec la lenteur à laquelle j’aspire profondément. Ce temps libre est finalement idéal car il est l’occasion de prendre pleinement soin de soi pour être en mesure de prendre soin des autres. Être en lien avec son espace intérieur est le plus court chemin pour être à l’écoute des autres et réellement disponible pour les accueillir dans ce qu’ils sont. A certains moments de ma vie, je n’ai pas toujours été en capacité de le faire et j’accepte de ne pas toujours avoir eu les ressources d’être là où l’autre m’attendait. En prendre conscience, c’est aussi l’opportunité de célébrer avec compassion ce que j’ai raté !

Savoir accueillir ses limites sans jugement est une merveilleuse façon de prendre soin de soi. Dans le passé, ce point m’était difficile, voire impossible. De nombreuses croyances engendraient des stratégies limitantes qui me coupaient de ma vulnérabilité. J’étais dans l’incapacité de l’exprimer, de la partager. Je me rends compte à quel point cette stratégie (carapace?) d’apparaître comme une femme forte, indépendante, capable de…. combien cette stratégie que je pensais bonne pour nourrir mes besoins d’accomplissement, de sécurité, de confiance, de respect, était une stratégie préjudiciable à ma liberté et à mon épanouissement personnel. Elle nourrissait mon ego et me coupait de mes véritables besoins, indispensables à mon équilibre et à mon bonheur.

Je pensais aussi que pour me sentir libre, je devais éviter tout ce qui me donnait l’impression de restreindre ma liberté. Le mot liberté me jouait un drôle de tour et me mettait de facto en « liberté conditionnelle », celle de m’autoriser à, où m’interdire de….

Le confinement me réconforte sur ce point: la véritable liberté, celle de ressentir ce qui vibre en moi et me guide, rien ni personne ne peut me l’ôter.

Loin de « restreindre » ma liberté, il donne naissance à un vortex de possibilités nouvelles pour nourrir mes besoins d’harmonie, de paix, de cohérence avec mes valeurs, d’amour, de communion, de coopération, d’expression, d’honnêteté, d’estime, de sincérité, tous ces besoins en lien avec mon authenticité et ma pulsion de vie.

Créer, imaginer, rêver, déployer sa liberté intérieure nourrit des besoins communs à tous. Suivre le flow de son âme et ressentir de la gratitude pour ce qui nous arrive, donne l’opportunité de se renouveler, de se transformer. Les neuro sciences et la physique quantique, nous apprennent combien notre cerveau est plastique et libère instantanément de la place pour établir de nouvelles connexions.

Alors, avoir l’audace de prendre soin de soi pour accéder à ces nouvelles possibilités est à coup sûr le gage de célébrer chaque instant, d’accueillir ce sourire qui surgit dans son cœur, de ressentir cette chaleur qui monte dans sa poitrine, de s’émerveiller devant ces fleurs qui naissent en une nuit, d’être cet oiseau qui vole haut et sans effort, de rayonner de joie, et de partager cette goutte d’eau qui nous unit dans l’énergie de la vie.

Merci à Séverine L. pour sa photo Empreintes ❤